Unhiders Angels x Roundtable : ouvrir l’accès au capital au‑delà des profils conventionnels

Roundtable
Publié le
November 29, 2023
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Roundtable est la première infrastructure européenne pour les investissements privés. Elle prend en charge toutes les opérations juridiques et administratives afin que les fondateurs, les investisseurs et les fund managers puissent se concentrer sur l'essentiel.

Paul Lê, né à Évry‑Courcouronnes en banlieue parisienne, est cofondateur et co‑CEO de La Belle Vie, une entreprise française de livraison de courses le jour même créée en 2015.

Son syndicat, Unhiders Angels, aide des entrepreneurs issus de milieux difficiles à construire leur réseau et accéder au capital.

Paul Lê espère que Unhiders Angels — désormais ouvert aux candidatures sur Roundtable — incitera les investisseurs à regarder au‑delà des profils conventionnels des entrepreneurs « typiques » et à se concentrer sur le talent et le travail, d’où qu’ils viennent.

Il a parlé de l’importance de l’esprit de combat, de la manière dont la confiance est clé pour faire grandir un réseau, et d’Unhiders Angels comme d’un « club privé » pour esprits ouverts.

Points clés :

  • Mission : aider des entrepreneurs issus de milieux modestes ou peu connectés à accéder au réseau et au capital, en valorisant le talent et le travail plutôt que le pedigree.
  • Syndicat ouvert aux candidatures sur Roundtable, actif dans tous les secteurs en Europe et animé par une communauté en croissance.
  • Recherche de “bonnes personnes & bons business” : jugement centré sur les métriques et l’exécution, pas sur l’école ou le CV.
  • Onboarding des fondateurs au jeu VC, points KPI réguliers (tous les 2–3 mois), conseils actionnables ; partage des deals seulement après avoir constaté la capacité d’exécution.
  • Unhiders Angels fonctionne comme un « club privé » d’esprits ouverts : l’argent n’est pas le problème, c’est le temps consacré aux mises en relation et au soutien des fondateurs.

Roundtable : Pouvez‑vous me parler de votre parcours d’investisseur et expliquer pourquoi il faut un syndicat qui se concentre sur des entrepreneurs plus divers ?

Paul Lê : Nous avons lancé Unhiders Angels en même temps que notre investissement dans Roundtable, il y a six ou sept mois. Mais mes co‑investisseurs et moi investissons dans ce type d’entreprises depuis des années — j’ai investi dans plus de 30 sociétés, principalement en France.

De manière générale, il est très difficile d’accéder à des entreprises hors de l’écosystème parisien. Les VCs et les business angels sont plus confiants quand la société a été créée par des fondateurs issus des grandes écoles. Sinon, il leur est plus dur de comprendre qui vous êtes et ce que vous allez faire, parce qu’ils ne vous connaissent pas.

Je dirais qu’en seed et pre‑seed, le background pèse 30 % à 50 % dans la décision d’un investisseur. C’est un vrai problème.

Quand vous n’avez pas le pedigree ou de track record, vous obtenez moins d’argent et vous devez faire davantage vos preuves. Quand on a fait une grande école et travaillé chez McKinsey, il est plus facile de présenter un PowerPoint et d’obtenir des fonds. C’est bien plus difficile pour celles et ceux hors de cet écosystème — mais cette lutte fait aussi de bons entrepreneurs.

Je l’ai vécu moi‑même. Mes parents sont arrivés du Vietnam en France il y a 40 ans. Quand j’ai lancé La Belle Vie il y a dix ans, je n’avais pas de réseau et l’accès au capital a été beaucoup plus compliqué.

Roundtable : Unhiders Angels investit‑il dans tous les secteurs ?

Paul Lê : Oui. Tous les secteurs basés en Europe. Nous avons commencé avec environ 15 personnes dans le syndicat, aux parcours très différents, donc nous sommes très ouverts.

Roundtable : Et comment sourcer et sélectionner les deals ?

Paul Lê : Je suis très actif dans différentes associations dédiées à la diversité. Les gens me connaissent désormais et me font confiance.

Je veux voir l’étincelle dans les yeux. Je cherche de bonnes personnes et de bons business. C’est la base de tout investissement.

Roundtable : Quel mentorat apportez‑vous aux entrepreneurs ?

Paul Lê : Il faut accompagner les entrepreneurs dès le départ pour les aider à entrer dans l’écosystème startup, à se présenter correctement aux VCs, etc.

Tous les deux ou trois mois, on s’assoit et on parle de KPIs. On donne des conseils pour les atteindre, puis on veut voir comment l’entrepreneur exécute. Ainsi, quand on partage un deal avec d’autres, on sait déjà que cet entrepreneur travaille dur.

C’est probablement ce qu’il y a de plus intéressant quand on est business angel : conseiller des personnes et les voir progresser chaque jour.

Roundtable : Ce niveau d’implication réduit‑il le nombre de deals que vous faites ?

Paul Lê : Oui, bien sûr. J’ai ma propre entreprise. Je n’ai pas tant de temps. C’est pour ça que nous ouvrons le syndicat au‑delà des 15 membres d’origine : d’autres peuvent nous aider à trouver du dealflow.

Nous sommes très sélectifs sur qui peut entrer : c’est comme un club privé. Il est facile de montrer une startup à quelqu’un qui a de l’argent. L’argent n’est pas le problème. Le problème, c’est le temps : du temps pour aider les gens, développer leur réseau et être disponible pour les fondateurs.

Roundtable : Étant donné que vous investissez dans des entrepreneurs qui ne partent pas à armes égales, comment jugez‑vous et gérez‑vous l’échec ?

Paul Lê : Évidemment, tout ne marche pas. C’est une grande part du métier. Échouer, c’est OK. Mais ne pas se battre, ce n’est pas OK. Être entrepreneur, c’est d’abord un esprit de combat. On peut apprendre beaucoup de choses, mais on n’apprend pas à avoir cet esprit.

Tous ceux avec qui j’ai travaillé se sont battus pour leur entreprise. Ils n’ont pas lâché. J’en suis très fier. Quand ils ont un problème, je suis dans le top 3 des personnes qu’ils peuvent appeler à tout moment.

Roundtable : Combien de temps travaillez‑vous avec les entrepreneurs ?

Paul Lê : Aussi longtemps que nécessaire. On n’investit que l’argent qu’on peut se permettre de perdre, et dans des personnes de confiance. Si vous récupérez votre mise — ou faites un retour — tant mieux. Avec cet état d’esprit, vous évitez le stress.

Roundtable : Quels profils recherchez‑vous pour rejoindre le syndicat ?

Paul Lê : Je cherche des personnes très ouvertes d’esprit, capables de se concentrer sur les métriques business plutôt que sur le pedigree.

Le pire, c’est de faire comme d’habitude : demander le background des fondateurs sans rien savoir de leur vie ni de ce qu’ils ont traversé. Perte de temps.

Par exemple, regardez Asap.work [une agence d’intérim dans le BTP], une société dans laquelle j’ai investi. Personne ne connaissait son fondateur, Mathias Mouats. Et maintenant, il cartonne. Tous les VCs courent après lui. Quand je l’ai rencontré, il faisait quelques milliers d’euros par mois. Désormais, il va faire quelques millions en deux ans. Incroyable.

Roundtable : Avez‑vous un avis sur la taille des tickets ?

Paul Lê : Non. Nous ne visons pas une taille de ticket spécifique. Notre objectif principal est d’aider les gens. Et quand c’est votre objectif, on vous laisse une grande place dans la cap table.

L’argent n’est pas le moteur principal des business angels. Si vous ne récupérez pas votre mise, vous gagnez autre chose : réseau, réputation.

Les entrepreneurs à succès doivent être très humbles. Bien sûr, ils sont intelligents et travaillent dur, mais la chance joue aussi. Cela signifie qu’il faut redonner et partager sa réussite.

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