One Green x Roundtable : des business angels curieux, du smart money et des liens fondateurs‑investisseurs resserrés

Roundtable
Publié le
November 22, 2023
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Roundtable est la première infrastructure européenne pour les investissements privés. Elle prend en charge toutes les opérations juridiques et administratives afin que les fondateurs, les investisseurs et les fund managers puissent se concentrer sur l'essentiel.

Vanessa Daurian Proust est devenue rapidement associée chez EY (Ernst & Young) avant de se consacrer à plein temps à l’investissement dans des entreprises early stage. Son premier projet collectif a été de lancer Neo Founders, un fonds d’investissement non réglementé aux côtés d’anciens de son école de commerce. Elle ouvre désormais sur Roundtable une communauté d’investissement appelée One Green, avec un ticket minimum de 10 000 €.

Vanessa est convaincue que les business angels sont des personnes curieuses qui veulent entrer dans la tête des entrepreneurs — et qu’ils ont bien plus que de l’argent à partager.

Points clés :

  • Ex‑associée chez EY, Vanessa Daurian Proust se consacre à plein temps à l’early‑stage ; cofondatrice de Neo Founders (fonds non réglementé) et fondatrice de One Green sur Roundtable (ticket min. 10 000 €).
  • Rôle des angels : les business angels sont curieux et apportent bien plus que du capital : temps, réseau, retours d’expérience — un smart money pensé pour le seed.
  • Mode opératoire : ~10 deals/an, filtrage avec analystes, due diligence poussée (juridique, relevés bancaires, BP, appels clients) et rencontres trimestrielles entrepreneurs‑investisseurs pour réduire l’asymétrie d’information.
  • Portée sectorielle : ouverte, mais évite NFT/crypto lorsque l’analyse n’est pas robuste — la confiance des co‑investisseurs prime.
  • Diversité & inclusion : être femme investisseuse est un atout : cap tables plus inclusives, accès à des deals de fonds réputés ; conviction que les startups les plus performantes seront les plus diverses.

Roundtable : Vanessa, vous vous décrivez comme une « serial early‑stage investor ». Qu’est‑ce qui vous a menée sur cette voie ?

Vanessa Daurian Proust : J’ai travaillé 14 ans chez Ernst & Young (EY). J’étais sur une voie rapide, tout se passait bien et je suis devenue associée. À ce moment‑là, j’ai commencé à investir et j’ai réalisé que les personnes les plus inspirantes sont les entrepreneurs, surtout au seed. Il y a deux ans, j’ai décidé de me consacrer à plein temps à l’investissement dans les startups.

Roundtable : Vous êtes cofondatrice et CEO de Neo Founders, un fonds non réglementé lancé en début d’année, et vous avez aussi lancé One Green. Pouvez‑vous nous en dire plus ?

Vanessa Daurian Proust : Je suis partie avec 20 autres investisseurs, tous diplômés de NEOMA Business School. Je recevais des pitch decks et j’avais besoin d’un groupe de confiance pour les analyser. L’union fait la force ! J’ai réuni des profils variés — des promotions 1980 jusqu’à 2015.

Ma communauté d’investissement, One Green, est un autre volet de l’activité, mais il y a des chevauchements de deals. Certaines startups dans lesquelles j’investis via One Green sont aussi sélectionnées par Neo Founders.

Roundtable : Pourquoi avoir lancé One Green Club Deal ?

Vanessa Daurian Proust : Je crois profondément que les business angels sont clés pour réussir les investissements seed. Nous prenons bien plus de risques que des acteurs plus formalisés.

Je veux réduire le risque en créant un canal de communication plus fort entre entrepreneurs et investisseurs. Trop souvent, on transfère les fonds puis on oublie. Je veux changer cela. Trois fois par an, j’envisage d’organiser des rencontres — je n’aime pas dire « réunion » — pour que entrepreneurs et investisseurs passent du temps ensemble.

Roundtable : Êtes‑vous ouverte à tous les secteurs ?

Vanessa Daurian Proust : Il y a des domaines que je tends à éviter, comme les NFT et la crypto, parce que je ne sais pas les analyser. Et si je ne peux pas les analyser, je ne peux pas syndiquer des investisseurs — la confiance des investisseurs en mon jugement est essentielle.

Roundtable : Sur votre page Roundtable, vous indiquez sélectionner une dizaine de deals par an. Comment équilibrez‑vous le tri des dossiers et la due diligence approfondie sur ceux retenus ?

Vanessa Daurian Proust : Je reçois 3 à 5 deals par jour. C’est beaucoup. Je travaille donc avec deux analystes ; nous resserrons le champ pour consacrer du temps aux meilleures idées et aux meilleures startups.

Je fais une due diligence poussée : je demande la documentation juridique, les relevés bancaires, je revois le business plan et je parle aux clients.

Je siège dans dix comités stratégiques, cela prend du temps. Je lis tous les rapports et decks avant chaque rencontre. J’essaie d’être efficiente et de garder des réunions de 30, voire 15 minutes.

Maintenant que One Green est lancé, je vais y consacrer plus de temps. Quand vous représentez 15 % de la cap table d’une startup, vous avez vraiment du skin in the game.

Roundtable : J’imagine que certaines sociétés veulent surtout le cash, sans l’implication des angels ?

Vanessa Daurian Proust : Même si certains fondateurs pensent n’avoir besoin que de capital, l’argent “smart” d’investisseurs prêts à donner de leur temps et partager leur réseau est un avantage déterminant. Les entrepreneurs sont souvent seuls face à des sujets critiques : gestion des talents, bad leavers (départs litigieux), runway, stratégie d’equity. Partager leurs enjeux avec des investisseurs sérial‑entrepreneurs, qui ont déjà vécu ces situations, est inestimable.

Les angels reçoivent typiquement quatre rapports par an. Ils sont souvent généraux et tout peut sembler aller bien. Et puis un jour, ça va moins bien et on ne sait pas pourquoi — il y a un écart d’information énorme entre entrepreneurs, équipe dirigeante, board et investisseurs.

Pour moi, il est crucial de réduire cet écart. Au board, on comprend mieux ce qui se passe — et on peut aider davantage.

Je suis fascinée par les entrepreneurs. Ce sont de véritables visionnaires qui prennent des risques. Ils passent leurs jours et leurs nuits à penser à leur entreprise. Mon rôle est de les aider, pas de les surveiller.

Roundtable : Combien de temps attendez‑vous que les membres de votre communauté consacrent aux entreprises ?

Vanessa Daurian Proust : Chacun s’implique à sa manière et selon ses disponibilités, mais je veux qu’ils réalisent qu’une heure de temps de qualité peut faire gagner des semaines — voire des mois — d’exécution à un entrepreneur.

La motivation première des business angels n’est pas uniquement l’argent. Ils ne veulent pas perdre d’argent, mais ne s’attendent pas non plus à en gagner facilement. Il faut souvent 5 à 7 ans pour récupérer sa mise. Les investisseurs veulent aussi vivre l’aventure entrepreneuriale : comprendre comment les jeunes fondateurs se comportent et pensent. C’est pour cela que la plupart sont heureux de leur consacrer du temps.

Roundtable : Il n’y a pas tant de femmes dans cet univers. Quel est votre regard sur le fait d’être le visage de ce syndicat ? Et quelle est votre expérience générale ?

Vanessa Daurian Proust : Côté investisseurs de ma communauté, je pense qu’ils me font confiance et connaissent bien mon expérience.

En réalité, je pense que c’est un atout d’être femme investisseuse. Certaines sociétés acceptent d’ajuster le ticket minimum pour moi, parce qu’elles veulent davantage de femmes à leur cap table. Je reçois aussi des deals de fonds très réputés pour des raisons similaires.

Bien sûr, une cap table reste un tableur — ce n’est pas public. Mais parfois, on me demande de siéger à un comité stratégique, qui, lui, est public. Les startups les plus performantes seront les plus inclusives, avec des parcours et façons de penser variés.

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